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L'odyssée d'un Colibri
14 juillet 2020

13 juillet

Nous n’émergeons pas bien vite ce matin. Nos chances d’attraper le bus de 10h20 pour Agrigente se trouvent compromises. Nous tablons donc sur le suivant, à 12h15, qui devrait nous déposer là-bas 1h plus tard, vers 13h15. Pour assurer le coup, Brigitte réserve en ligne une visite à 14h –malgré une info contradictoire de fermeture de 14h à 16h.

Nous utilisons la matinée pour aller déposer du linge à laver à la capitainerie et pour faire quelques courses complémentaires au supermarché Conad juste à côté du port. Le temps de tout ranger, il est l'heure de nous diriger à pied vers l’arrêt de bus qui se trouve à un bon kilomètre du bateau.

Nous trouvons facilement la « gare routière » sur un coin de terrain vague poussiéreux et embarquons dans le bus, parfaitement ponctuel. Nous payons 30€ pour l’aller-retour (deux fois une heure de route), ce qui nous semble très honnête comparativement à la petite navette de La Valette qui nous coûtait 20€ pour aller en ville. Tout se présente donc pour le mieux. Ça va en fait être assez compliqué. Tellement compliqué (et d’ailleurs inintéressant) que je vous encourage à zapper la lecture du prochain paragraphe.

Mépris souverain des limitations de vitesse, franchissements de ligne blanche, dépassement de camion en frôlant à 3 cm les glissières de sécurité,… : le conducteur récupère facilement le retard pris au départ dans les bouchons de Licata. En nous approchant d’Agrigente à vive allure, nous repérons les ruines des temples sur l’arête d’une colline. Nous les voyons se rapprocher de plus en plus, jusqu’à avoir l’impression d’atteindre le site archéologique… puis de le dépasser. Ne disposant d’aucun plan précis des lieux et ignorant totalement l’endroit où se trouve l’entrée de ce site très étendu (« la vallée des temples ») et encore plus la position des éventuels arrêts de bus par rapport à cette entrée, nous nous laissons bêtement conduire trop loin dans le centre-ville d’Agrigente. Quand on se décide enfin à descendre du bus, et après avoir vérifié que nous étions tous en un seul morceau, nous estimons avoir dépassé le site d’environ 2 ou 3 kilomètres. Pas grave, on a ¾ h devant nous et ça descend. Quand même, après environ 2 kilomètres, je demande à une dame qui patiente à un arrêt de bus la meilleure solution pour rallier l’entrée de la vallée des temples. Elle nous fait comprendre que c’est encore loin et qu’il serait mieux de reprendre un bus qu’elle arrête gentiment pour nous en indiquant notre objectif au chauffeur. Nous descendons sur encore 3 kilomètres le trajet parcouru dans l'autre sens avec le premier bus. Le conducteur nous dépose devant un parking autour duquel sont installées une boutique de souvenirs et une maisonnette qui ressemble à une billetterie : satisfaits, nous nous croyons sortis d’affaire. Mais non, au contraire. Toutes les grilles et portillons d’accès sont cadenassés et la billetterie est fermée. Le vendeur de souvenirs m’informe alors que l’entrée se trouve bien ici en temps normal mais qu’en raison du Covid qui impose une visite à sens unique, elle est actuellement condamnée. La seule entrée possible se trouve… environ 3 kilomètres plus haut ! Après un carrefour qui se trouve à peu près là où on a pris le dernier bus ! Arghhh. On tombe sur un couple de Français qui viennent de garer là leur voiture de location après s’être fourvoyé comme nous. Nous leur expliquons ce qu’il en est. Malgré le spectacle pitoyable des enfants déjà essoufflés et en nage, il ne leur vient pas à l’idée de nous proposer de nous embarquer dans leur break : belle solidarité, merci, chers compatriotes. Il est maintenant 13h45, ce qui nous laisse 15 minutes pour effectuer les 3 gros kilomètres jusqu’à l’entrée si l’on veut respecter l’horaire réservé par Brigitte. Délai intenable, mais c’est quand même à marche forcée, sous le cagnard, frôlés par les voitures puisqu’il n’y a pas de trottoir, que nous remontons encore cette route sale et poussiéreuse que nous commençons à haïr franchement. Je porte Perrine sur mes épaules pendant environ un tiers du chemin. Brigitte a mal au genou. Héloïse, épuisée, devient rouge écarlate. Ulysse tient mieux le coup mais finit par se fatiguer aussi en servant d’éclaireur.

C’est donc complètement cramés que nous atteignons enfin cette fichue entrée de site vers 14h15. Nous restons dans notre dynamique de succès en nous faisant refuser l’accès, le site étant fermé de 14h à 16h. Malgré nos protestations argumentées par l’absurdité de pouvoir réserver en ligne une visite à 14h alors que ça ferme précisément à cette heure-là, rien à faire. Nous prolongeons notre pénitence en patientant près de deux heures, assis par terre comme des clochards, sous un arbuste qui ménage un peu d’ombre. La jauge de notre gourde d’eau atteignant le zéro, nous achetons deux petites bouteilles fraîches de Coca et Fanta pour soulager notre grande soif. L’attente nous paraît très longue, malgré la présence de quelques chiens errants à caresser et la rencontre d’un couple de Lyonnais très sympas, auxquels les filles se font un devoir de raconter notre voyage dans le détail.

Enfin, à 14h, nous pénétrons dans le saint des saints : la vallée des temples qui s’est tant fait désirer. Sur une grande superficie sont répartis plusieurs temples dont certains dans un bon état de conservation (pour avoir été transformés en basilique au Moyen-Age). D’autres sont en ruines, mais la beauté du site suffit à les mettre en valeur. Agrigente a eu un âge d’or assez bref, mais vraiment brillant, jusqu’à ce qu’ils se laissent aller et se fassent massacrer par les Carthaginois.

Temple de Junon (Héra):

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Nécropole paléochrétienne:

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Intéressantes reconstitutions des systèmes de transport et de levage utilisés pour édifier les temples:

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Temple de la Concorde, joliment conservé:

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Temple d'Hercule:

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Télamon (colosse masculin de presque 8 m de long) écroulé. La statue était "découpée en tranches" pour faciliter le montage, puis recouverte de stuc après l'assemblage:

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Trois enfants fatigués mais prêts à intégrer la Légion étrangère:

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On aurait volontiers complété notre visite du site par celle du musée archéologique, mais il est fermé aujourd’hui –et nos mésaventures à l’arrivée ne nous en auraient de toute façon pas laissé le temps.

Echaudés par ces mêmes mésaventures, nous sommes particulièrement vigilants au moment de décider où sortir du site : si nous faisons comme tout le monde (arrivé en voiture laissée au parking de l’entrée), on est bons pour se retaper 3 kilomètres à pied. Nous n’avons pas droit à l’erreur, car le bus de 18h40 est le dernier de la journée. On repère une petite sortie discrète qui nous semble placée à un endroit plus proche de la fameuse route où passe la ligne de bus. Nous demandons confirmation à un vigile qui n’a strictement rien à surveiller ici, et le tour est joué : nous n’avons qu’un kilomètre à marcher pour trouver l’arrêt de bus où l’on s’est cassé le nez quelques heures plus tôt. Le temps de prendre un verre pour patienter, nous grimpons dans le bus du retour qui nous reconduit à Licata.

Il nous reste encore un gros kilomètre à marcher jusqu’à la capitainerie. Pour ne pas changer, on se le fait au pas de gymnastique car on voudrait bien y récupérer avant sa fermeture le linge que nous y avons déposé ce matin. Quand on y arrive, le bureau est fermé, mais un marinero de service nous ouvre la porte et nous rend notre linge.

Ouf ! Cette journée nous a rincés. On est contents de retrouver le bateau, de s’y poser et d’aller prendre nos douches. Un rapide bilan confirme que nous avons dû la mériter, cette visite d’Agrigente : au total, nous avons marché, souvent le plus vite possible, au moins 10 kilomètres. On n’a rien mangé depuis ce matin et on a drôlement faim, mais il faut encore honorer la promesse faite hier aux enfants de passer à la fête foraine au bout du port. Pendant que Jean me donne les dernières nouvelles de l’état de santé stationnaire de Papa, ils font quelques tours de manège et d’auto-tamponneuses.

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Nous pouvons ensuite rentrer au bateau, dîner enfin et nous coucher.

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