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L'odyssée d'un Colibri
20 octobre 2019

Qui ?

L’équipage:

 

-Perrine, 7 ans le 27 février (niveau CP)

  

Souvent espiègle, elle ne prend pas grand-chose au sérieux. Formule fétiche (surtout après avoir fait une bêtise) : « mais c’est pas grave !».

 

Sur le bateau, elle manque encore un peu de muscle pour pouvoir aider à la manœuvre qui ne l’intéresse d’ailleurs pas vraiment. Pour l’instant, son domaine de compétences se limite à essuyer la vaisselle, écailler des œufs durs, nettoyer les miettes de la table, ce genre de choses (qui peuvent quand même s’avérer très utiles). Elle assure l’ambiance et nous fait bien rire. En navigation, elle s’ennuie moins que ce qu’on pourrait penser. Elle arrive à s’occuper assez facilement et peut passer des heures assise sur la planchette du balcon avant à …  observer la mer, chercher des dauphins, méditer, rêvasser ? (je ne sais pas vraiment).

 

Rarement timide, elle facilite beaucoup les prises de contact avec les gens qu’on rencontre. Alors qu’elle était partie en vadrouille dans un port espagnol, il est par exemple arrivé qu’elle revienne au bateau avec toute une famille de parfaits inconnus (les parents, deux enfants, la poussette,…) qu’elle avait invités pour l’apéro. Spécialiste des bêtises, interventions inopportunes et envies pressantes aux plus mauvais moments (en pleine manœuvre de port…), elle me provoque parfois quelques crises d’hypertension qui ne durent heureusement pas trop longtemps (vu que finalement, « c’est pas grave »).

 

Son statut officiel serait donc quelque chose entre mascotte du bord et mousse.

  

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-Héloïse, 9 ans (niveau CM1)

Héloïse a pris du galon l’été dernier en prouvant qu’elle était capable de barrer très convenablement, en tenant bien compte de toutes les recommandations (garder le cap tout en surveillant la girouette, les penons et les vagues). Le revers de la médaille, c’est qu’elle se sent investie d’une telle responsabilité, elle se met une telle pression et se concentre tellement qu’elle ne tient pas bien longtemps. N’empêche, il est parfois utile de pouvoir compter sur elle comme pilote de secours le temps de régler une manœuvre ou d’aller aux toilettes.

Autre compétence qui peut servir : n’ayant pas du tout le vertige, elle aime bien se faire hisser en tête de mat, ce qui est assez facile avec son léger gabarit. Elle n’hésitera pas non plus à sauter à l’eau si nécessaire pour aider à s’amarrer sur une bouée en passant un bout dans un anneau immergé inaccessible à la gaffe.

Elle commence aussi à être assez costaud pour aider à la manœuvre en tournant une manivelle de winch, mais elle ne connait pas encore assez les noms des différents bouts ni leur fonction.

En revanche, elle s’inquiète vite quand ça commence à souffler un peu trop fort et que la mer s’agite. C’est pourtant la seule des enfants à n’être jamais malade.

Avec son caractère de cochon, elle supporte mal les remarques ou reproches des parents et se braque facilement en faisant la gueule. Elle entretient des relations difficiles avec son frère –qui n’est pas le dernier à la chercher. Mais en même temps, elle est généralement pleine de bonne volonté pour participer aux tâches ménagères : cuisine, vaisselle, nettoyage…

Bref, quand elle est bien lunée, Héloïse a déjà tout d’une vraie bonne petite équipière.

 

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-Ulysse, 11 ans (en 5ème au collège)

Ulysse a pratiqué l’Optimist en compétition pendant 2 ans ½, à raison de deux après-midi hebdomadaires d’entraînement. Il a donc eu largement l’occasion de comprendre comment fonctionne un voilier et apprendre à se faire plaisir sur l'eau –même si un habitable de 36 pieds est évidemment très différent d’un Opti. C’était l’objectif en l’inscrivant au club de voile, et il est atteint. Ses résultats en régates étaient relativement honorables. Le coach du club, Quentin, est un type super et réellement investi dans sa mission, on a rencontré plein de gens sympas (et aussi d’autres avec qui ça ne pourra jamais coller), mais il ne poursuivra pas quand nous rentrerons: nous n’avons pas l’ambition d’en faire un champion de France/d’Europe/du monde d’Optimist, ni la volonté d’organiser notre vie de famille, nos week-ends, nos vacances et notre budget en fonction des plannings de régates. Cette expérience nous a fait constater à quel point le monde de la régate est différent de celui de la croisière (en voile légère en tout cas), et nous a appris que ce n’est décidément pas notre truc.

Pardon pour cette digression qui m’a entraîné assez loin de la présentation de notre troisième équipier. Ulysse, au prénom prédestiné pour notre voyage, est un spécimen commun de pré-ado standard dans la vie civile : un peu blasé sur les bords, téléphone portable greffé aux mains, pas toujours aimable sans qu’on sache pourquoi, les yeux qui se lèvent au ciel dès qu’on lui fait une remarque, les premières floraisons d’acné sur le nez, tout ça. Pourtant, il paraît que ses résultats scolaires interdisent de décréter qu’il est irrémédiablement crétin.

A bord, sa spécialité, c’est le réglage des voiles. Il connait tous les bouts du bateau, a compris leurs fonctions et est assez costaud pour les utiliser. Il propose ou prend de bonnes initiatives pour améliorer les réglages. Dans ce domaine, il a dépassé sa mère, ce qui génère parfois quelques frictions. Il barre bien aussi, mais se lasse vite si les conditions ne sont pas assez amusantes à son gré. Il manipule sans problème l’électronique du bord (lecteur de cartes, AIS,…) et pilote bien l’annexe –mais n’arrive pas encore à démarrer notre vieux hors-bord. Comme il a réussi à attraper quelques maquereaux suicidaires, il faut bien reconnaître qu’il est le moins mauvais pêcheur de l’équipage. De là à se prétendre LE spécialiste du bord, il n’y a qu’un pas qu’Ulysse franchit allègrement.

Son appréciation des conditions météo est particulièrement subjective : quand il est en forme, il joue le casse-cou et râle quand je réduis la toile, mais il peut s’inquiéter sans raison particulière dans des conditions plus tranquilles s’il est fatigué. Il a aussi la trouille d’être envoyé en tête de mât, et de se jeter à l’eau quand il n’a pas préalablement repéré les fonds (ou quelque chose comme ça… je n’ai pas bien compris). Il lui faut 24h ou une nuit à bord pour s’amariner. Avant, il n’est pas vraiment opérationnel, car il vomit partout. En revanche, une fois passé ce cap difficile, il n’y a plus de problème de mal de mer pendant toute la croisière, même quand ça piaule fort.

Ulysse est donc déjà un bon équipier qui me seconde efficacement. Il devrait continuer à gagner en polyvalence au cours de ces six mois de croisière : s’intéresser davantage aux manœuvres de port, participer aux diverses corvées (vaisselle, nettoyage,…) qui font partie intégrante de la vie à bord, démontrer qu’on peut lui faire confiance pour assurer des petits quarts de nuit,…

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-Brigitte, 43 ans

Brigitte est infirmière à domicile. Elle a attendu de me rencontrer (vers 20 ans)  pour découvrir la navigation. Chez elle, l’environnement marin n’est donc pas du tout quelque chose d’inné. Elle a appris petit à petit quelques principes généraux de manœuvres diverses, qu’elle va avoir l’occasion d’approfondir en partant aussi longtemps. Pour l’instant, elle n’est pas encore très affutée question réglages. Ce qu’elle aime sur le bateau, c’est plutôt le mode de vie : le côté aventureux, nomade... Elle adore les bons côtés mais se passerait volontiers des contraintes : la gite, le roulis, l’inconfort général, la rareté des douches, le sommeil en pointillés… Elle n’a pas encore vraiment admis que c’est à l’équipage de s’adapter au bateau et aux conditions (en acceptant par exemple de changer ses repères s’il se trouve qu’on gite un peu trop fort), et non l’inverse. Du coup, elle peut parfois devenir râleuse, mais ça ne dure normalement pas trop longtemps. D’ailleurs il ne s’agit pas de l’accabler : non seulement elle accepte de subir les conditions de vie parfois rustiques du bateau, mais elle en redemande, puisqu’elle est prête à vivre ça pendant 6 mois –ce qui ne serait pas forcément le cas de la première nana venue.

Avant d’avoir les enfants, elle n’avait jamais le mal de mer. Puis, quand on a commencé à embarquer notre progéniture, elle s’est mise à stresser beaucoup plus quand le vent fraîchissait, et donc à souffrir du mal de mer. Ce phénomène se calme au fur et à mesure que les enfants grandissent, et devient heureusement de plus en plus rare.

Question intendance, courses et organisation des repas, elle assure pour faire tourner la boutique comme à la maison. Il est par ailleurs assez rassurant de savoir qu’en cas de pépin de santé, toute la famille pourra bénéficier de son expérience d’infirmière.

-Frédéric, 45 ans

A mon tour. Je suis prof des écoles. J’ai fait du bateau avec mes parents depuis tout petit (Bretagne et Grèce), puis avec les copains en louant en Bretagne et en Corse (c’est là, vers 20 ans, que j’ai commencé à skipper des bateaux), puis en couple avec Brigitte, puis en famille.

En tant que chef de bord, je ne pense pas être plus tyrannique qu’à la maison –ce qui n’est pas rien. Certains principes pédagogiques valables à l’ESPE (école supérieure du professorat et de l’éducation) sont difficilement compatibles avec la sécurité, et j’use régulièrement de l’argument d’autorité. En effet, dans certains cas, il s’agit d’exécuter mon ordre instantanément, sans discuter, au risque de casser quelque chose ou de se mettre en danger. Après et seulement après, si on me le demande poliment et si je ne me suis pas gourré, je peux éventuellement expliquer la raison de cet ordre. Je préfère procéder ainsi plutôt que de laisser mes enfants « construire leurs apprentissages » marins en se prenant par exemple la bôme sur le crâne ou en tombant à l’eau.

Dans les mauvais moments, quand les enfants m’énervent, il m’arrive de penser que je cumule à la fois les inconvénients de la navigation en solitaire (in fine, je suis le seul responsable de tout), et ceux de la navigation en équipage (jamais tranquille, surveillance permanente des loustics, difficulté à rester peinard pour récupérer d’une nuit plus ou moins blanche,…). Dans les bons moments, je suis assez fier d’être le capitaine de ce joyeux équipage et de le mener littéralement à bon port sans casse ni bobos.

 

 

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