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L'odyssée d'un Colibri
22 octobre 2019

Occupations

« Que fait-on en navigation ? On ne s’embête pas trop ? »

Un voilier comme le nôtre, ça n’avance pas bien vite : sous voiles, notre vitesse de croisière moyenne tourne entre 4 et 8 nœuds (de 7,5 à 15 km/h). Quand on manque trop de vent et qu’on descend trop longtemps sous la barre des 4 nœuds, on démarre généralement le moteur, ce qui permet d'augmenter artificiellement le vent apparent grâce au vent vitesse obtenu: c'est la fameuse "risée Perkins" (Yanmar en l'occurence). Bref, notre vitesse est comparable à celle d’un enfant à vélo, à l’importante nuance près qu’on ne s’arrête jamais, ni pour manger, ni pour se reposer, ni pour aller aux toilettes, ni pour admirer le paysage. N’empêche, les étapes peuvent être longues : une quarantaine d’heures pour aller directement à Minorque ou en Corse depuis notre port de Carnon. La question de savoir comment on s’occupe à bord pendant si longtemps m’a souvent été posée.

Régler le bateau

C’est souvent le pilote automatique qui barre, sauf quand les conditions deviennent trop musclées pour lui ou quand on est sous spi ou pour se faire plaisir. Le bateau est dans ce cas automatiquement maintenu sur son cap.  Le vent n’est jamais exactement stable en force ni en direction bien longtemps. Il faut donc procéder régulièrement à des réglages pour avancer au mieux.

Observer (bateaux, animaux, mer, côte), écouter, discuter

Il faut assurer une veille constante pour prévenir les risques de collision, comme on dit dans les manuels. D’ailleurs, même quand il n’y a aucun risque de collision, le moindre bateau croisé en mer retient toute notre attention. Plus on est loin de la côte, plus les autres bateaux sont rares, plus on s’y intéresse. Où va-t-il, à quelle vitesse ? Si c’est un voilier, comment est-il réglé ? J’aime bien croiser d’autres voiliers (potentiellement tous des copains, même si c’est complètement crétin). Tiens, un cargo. Voyons à l’AIS de qui il s’agit. Les cargos, vraquiers, pétroliers, paquebots de croisière et autres porte-containers ne me dérangent pas : ils tracent normalement des routes nettes, franches, à vitesse constante. Ils foncent du bout de l’horizon jusqu‘à nous en seulement 20 à 30 minutes, mais on sait immédiatement ce qu’il faut faire pour les éviter s’il y a un risque. J’aime beaucoup moins les bateaux de pêche, qui ont des trajectoires et des vitesses totalement aléatoires, selon la position des bancs de poissons qu’ils traquent. Il faut évidemment éviter de couper la route de ces bateaux ivres, mais on ne peut pas non plus passer trop près sur leur arrière s’ils chalutent ou s’ils traînent des lignes (et de quelle longueur ?). Un quelconque bateau en vue peut donc nous occuper une demi-heure à une heure, voire plus si c’est un foutu pêcheur qui « nous colle ». Et en revoilà parfois un autre, sitôt dégagés du dernier.

Quand on est proche des côtes, il faut aussi surveiller les diverses balises et les casiers de pêcheurs (une perche décorée d’un drapeau sur un flotteur quelconque) pour éviter de passer dessus.

A force de regarder comme ça autour de nous, on a des chances de repérer quelques animaux : poissons, dauphins, thons, bonites, mola-mola, tortue, baleine, loutre, poissons volants (mais oui)… A l’aube et au crépuscule, on est à peu près sûr de voir des bestioles si l’on se donne la peine d’observer la mer.

dauphins nav directe Minorque 2019

Malheureusement, l’œil est parfois attiré par des déchets divers : des trucs en plastique non identifiables, des morceaux de contreplaqué, des bouts de polystyrène… Entre Minorque et Majorque, nous avons récupéré un matelas gonflable en parfait état, sûrement soufflé d’une plage par un récent coup de vent. Prise de mer modeste qui a enchanté les enfants.

Il y a aussi les passagers clandestins éphémères : un oiseau fatigué qui fait une pause sur le bateau. Une libellule. Un papillon : voilà de quoi mobiliser toute la famille sur le pont. Comment est-il arrivé là, alors qu’on est si loin de la terre ? Etait-il déjà à bord quand on est parti ? Il doit être fatigué, que faire pour le soulager ? Une goutte d'eau sucrée, peut-être? Et si on l’appelait Marcel ? ou Anita ? Chacun y va de sa version pour reconstituer les aventures du papillon marin, à grands renforts de spéculations hasardeuses et totalement incompétentes sur son régime alimentaire et son autonomie en vol. Puis, le temps d’aller faire pipi, de border un chouïa le génois ou d’aller baisser le feu sous l’omelette et notre invité surprise a disparu aussi mystérieusement qu’il était arrivé. Terriblement inquiètes, tristes et inconsolables, Perrine et Héloïse ne parviendront à oublier cette tragique fortune de mer qu'après avoir mangé au moins deux Granola ou quelques cacahuètes, selon l'heure de la journée.

Les évolutions de l’aspect du ciel méritent aussi d’être régulièrement observées, avec beaucoup plus d’attention qu’on ne le fait à terre. On écoute par ailleurs régulièrement les bulletins météo transmis par radio, en imposant difficilement aux enfants un silence religieux pendant quelques minutes.

Souvent, on se retrouve en mer sans savoir exactement quelle sera la prochaine escale. On la choisit alors en navigation, en analysant la carte et en lisant les guides nautiques, en appliquant aux données disponibles les conditions météo prévues, en discutant pour que tout le monde soit content, et parfois en procédant à un inventaire des vivres pour estimer le nombre de repas qu’on peut encore assurer à bord.

Manger, boire

A la maison, nous nous contentons de manger aux heures de repas, à part un goûter léger pour les enfants après l’école. Sur le bateau, cette saine discipline se relâche nettement. D’habitude, seul le dîner reste assez conséquent, sauf avant une navigation de nuit (veiller ou digérer, il faut choisir). A l’heure du déjeuner, une petite salade composée ou un sandwich font notre affaire. C’est bien normal, puisqu’on passe le reste du temps à enchaîner les petites collations : café gâteaux au réveil (très tôt), pâté-saucisson vers 10h30, bricoles en préparant le déjeuner, goûter vers 16h, apéro vers 19h. On ne mange pas beaucoup, mais souvent. Et tant pis si ce n’est pas diététique.

M2U00393 nav retour bon plein

Pêcher

Nous ne sommes pas du tout des spécialistes de la pêche. Un voisin de ponton sympa (merci encore, Mamie Blue!) nous a récemment offert deux cannes assez sérieuses pour prendre des poissons d'une vingtaine de kilos, mais on ne les a pas encore essayées. Jusqu'ici, on n'avait qu'une canne à pêche standard pour tenter notre chance au mouillage quand ça semblait poissonneux, et une ligne de traîne toute prête à utiliser en navigation. Je crois qu’on n’a jamais rien pris avec la canne. Seule la ligne de traîne nous a offert accidentellement quelques repas de maquereaux. On la sort quand on voit des oiseaux pêcher ou en navigation côtière quand on observe une remontée des fonds. Ça aussi, ça occupe bien les enfants. Surtout Ulysse, assez susceptible sur la question de la pauvreté de nos prises depuis qu’il s’est autoproclamé ministre de la pêche sur Colibri.

 

M2U00402 pêche maquereaux

Dormir

La qualité du sommeil étant plutôt variable, on profite aussi des temps calmes pour récupérer comme on peut, n'importe quand et éventuellement n'importe où:

-sur le passavant au vent (ne pas oublier de réveiller le tonton si on vire de bord):

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-dans le cockpit, de jour (en se protégeant du soleil avec les moyens du bord) comme de nuit:

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-sur les couchettes (même en appui contre la cloison du moteur qui vibre et vrombit à tout va):

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-dans le carré, même bien calé(e) sur le plancher:

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-accrochée aux filières (mais oui):

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