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L'odyssée d'un Colibri
20 octobre 2019

Règlement de comptes avec quelques clichés…

Gros sous

 

Le bateau est indéniablement un luxe que beaucoup ne peuvent pas s’offrir.  Cependant, nul besoin d’être millionnaire pour posséder un voilier. La preuve, je suis professeur des écoles ! Et comme ça m’agace d’être pris pour ce que je ne suis malheureusement pas du tout, l’occasion m’est donnée ici de de relativiser l’image « grande fortune » de la voile.

-Achat : nous avons acheté notre bateau pour 33000€ il y a 5 ans. D’occasion, bien sûr! Pour nous, pas question d’acheter un voilier neuf dix fois plus cher… Ce bateau nous a coûté le prix d’une jolie voiture neuve, beaucoup moins qu’un petit studio à la montagne ou qu’un quelconque mazet dans l’arrière-pays héraultais… Par ailleurs, ma femme et moi avons fait le choix de rouler dans des voitures respectivement low-cost et vieille.

-Entretien : le gros morceau, c’est la place de port à 2900€/an, poste auquel s’ajoutent l’assurance et divers bricolages. Budget non négligeable mais, là encore, par rapport à quoi ?  à une semaine de ski en famille ?  à 15 jours de vacances à l’étranger ?... Pour nous, c’est comme si le budget vacances était lissé sur toute l’année. Il reste indolore quand nous partons en croisière plus d’un mois chaque été et une bonne semaine au printemps, puisqu’il ne nous reste à payer que quelques frais de port et les « extras » (restaurants, bistrots, visites,…).

En fait, il y a autant de sortes et de prix de voiliers que de maisons ou de voitures. Des petits et des gros, des flambants neufs et des vieilles épaves, des machines de course affutées et des pères tranquilles rondouillards.  A leurs bords, la diversité des équipages est la même. Difficile d’établir un portrait-type des voisins de pontons : des jeunes potes fauchés, des solitaires plus ou moins clodos, des petites familles de Français moyens comme nous, des retraités plus ou moins aisés, politiquement orientés à droite ou à gauche… En fait, comme partout à terre. Une chose est sûre : l’époque du yachting select en blazer et casquette blanche est révolue depuis longtemps.

Voile, luxe, calme et volupté…

Dans le même ordre d’idées, quand on aborde le thème de la vie à bord, certains s’imaginent que ça ressemble à ce qu’ils ont pu observer en se promenant sur les quais à Saint-Tropez ou ailleurs : sur les terrasses des méga-yachts amarrés cul à quai se prélassent des vieux à cigare ou leurs fils à papa, coupe de champagne dans une main et smartphone dernière génération dans l’autre, dorlotés par des filles magnifiques en robe de soirée, surveillant nonchalamment sur leur montre suisse (qui coûte le prix de notre bateau) l’heure de rallier la villa d’une quelconque célébrité. Ce cliché laisse penser que faire du bateau revient à passer le temps en sirotant des mojitos entre deux siestes crapuleuses, que l’on navigue dans une sorte de douce oisiveté, bercé par le flot romantique.

 

P1100156

 

A bord, on peut effectivement vivre des moments de ce genre. Peut-être même que certains équipages parviennent à les généraliser. Nous pas. Naviguer sur un voilier de 11m, c’est inconfortable (on manque de place, ça gite (penche), ça bouge tout le temps plus ou moins et parfois beaucoup trop, au point que faire cuire des pâtes ou mettre des lentilles de contact devient une véritable épreuve, c’est fatigant (nuits de veille en navigation, réveils fréquents pour surveiller le mouillage, casserole mal calée qui tintinnabule toute la nuit dans le placard à chaque coup de roulis,…), c’est plein d’efforts physiques brefs mais violents qui occasionnent souvent des petits ou gros bobos, il fait trop chaud ou trop froid ou trop humide, aucune intimité n’est possible, on doit contrôler sa consommation d’eau et d’électricité,… ça fait rêver, non ? Et encore, nous avons la chance d’être quasi insensibles au mal de mer. Ceux qui pratiquent le savent : il faut être un peu masochiste pour faire de la voile. Naviguer sur un voilier réserve une foule d’instants magiques, mais ça s’apparente plus à vivre dans un camping-car qui serait plus ou moins secoué en permanence qu’à une vie de palace. Si on veut du confort, mieux vaut rester à la maison.

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