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L'odyssée d'un Colibri
9 juillet 2020

Du 6 au 8 juillet

6 juillet

Pas grand-chose à raconter pour cette journée supplémentaire à Syracuse, en grande partie consacrée à régler des questions d’intendance nettement moins enrichissantes que nos dernières visites culturelles, mais il faut bien que ça se fasse aussi.

Ce matin, lessive, en partie à la laverie toute proche pour les draps et serviettes, en partie sur le bateau pour le reste. Il faut une certaine organisation pour étendre tout ce linge, mais le petit vent chaud permet un séchage efficace et une rotation rapide sur les filières.

Pendant que j’actualise le journal de bord, Brigitte donne un coup de propre à l’intérieur du bateau : aspirateur et « lessivage » des planchers.

L’après-midi, nous prenons la voiture dont nous disposons encore aujourd’hui pour aller sur la péninsule de la Maddalena, à moins d’1/2h de route. Il y a là une jolie zone de littoral rocheux déclarée réserve naturelle. Nous ne trouvons pas le coin si naturel que ça dans la mesure où l’accès à la mer se fait en limite d’une sorte de plage privée et que de nombreuses villas ont été construites juste au-dessus du chaos de rochers, avec parfois des escaliers qui leur donnent un accès direct à la mer. L’acception du terme « réserve naturelle » ne doit pas être le même en France et en Italie. En tout cas, on ne voit ici aucune décharge sauvage. Nous avons emporté les maillots de bain, mais la baignade ne semble pas évidente de prime abord. Les rochers sont très agressifs et la mer est très clapoteuse. On finit par trouver un coin où il est possible de se mettre à l’eau sans trop risquer de se faire mal en étant roulés par les vagues. Héloïse choisit une option plus simple : elle trouve un petit promontoire depuis lequel elle plonge directement -dès que son frère lui a confirmé que les fonds étaient sains à cet endroit. S’ensuit une interminable suite de plongeons des enfants.

Sur la route du retour, on fait une halte au Lidl qu’on avait repéré et on y remplit un caddie à ras bord : autant profiter de la voiture pour tout décharger au bout de notre ponton.

Je repars ensuite avec Ulysse faire le plein et remplit deux bidons de gazole. Curieusement, il n’y a pas de station-service dans ce port pourtant relativement grand.

Avant de rendre la voiture, il me faut encore faire un aller-retour pour acheter une douzaine de grosses bouteilles d’eau que nous avions oublié de prendre chez Lidl. On suppose que l’eau du port est potable, mais elle a un goût douceâtre très désagréable et on en a marre de boire ça.

Je peux enfin aller rendre la voiture à l’agence de location pendant que Brigitte finit de ranger les courses. Héloïse et Perrine passent encore la plus grande partie de la soirée avec Sarah. Brigitte et moi allons prendre un gros apéro sur le Dufour 40 des Français qui nous ont invités hier.

7 juillet

Nous avons prévu de quitter Syracuse aujourd’hui pour nous rendre à Malte, distante d’environ 80 milles. C’est une étape moyenne d’une quinzaine d’heures, donc faisable dans la journée en partant très tôt et en arrivant très tard, mais on choisit plutôt de prendre notre temps et de ne quitter Syracuse que cet après-midi pour faire une navigation de nuit. Ça nous évitera d’arriver de nuit sur La Valette qu’on ne connait pas et ça nous laisse une dernière matinée tranquille à Syracuse.

La famille se divise pour occuper cette demi-journée : Brigitte veut retourner au marché et les filles suivent leur môman. Pour ma part, je voudrais aller visiter le musée archéologique qui retrace toute l’histoire de l’île et semble super intéressant. Ulysse est le plus motivé pour m’y accompagner. Après avoir vérifié que le musée était ouvert du mardi au dimanche de 9h à 19h, nous quittons le port et traversons à pied une bonne partie de la ville. Vers 9h30, nous finissons par trouver l’entrée du musée. Elle est fermée par une grosse barrière coulissante à travers laquelle je fais quelques simagrées à un gardien qui nous ouvre le portail. Il ne parle pas un mot d’anglais, mais ça ne l’empêche pas de nous faire tout un laïus en italien, dans lequel il est souvent question de ce « bastardo » de virus. A priori, il en ressort que le musée ouvre deux heures plus tard, à 11h, pour tout désinfecter avant l’entrée des visiteurs. Ça nous fait une heure et demie à attendre. Je veux le voir, ce musée. Nous allons donc le plus lentement possible prendre un verre à la terrasse d’un café et sommes de retour au portail du musée à 10h50. On patiente sagement dans un recoin d’ombre. Il n’y a personne d’autre que nous. A 11h, le portail reste toujours aussi fermé. Je me manifeste de nouveau auprès du gardien qui nous joue un nouvel épisode de la comedia del arte. Cette fois, on s’accroche pour essayer de comprendre son baratin qui apporte une rectification d’importance : le musée ne rouvrait pas dans deux heures, mais rouvrira le deux août. Comme on ne peut pas se permettre de continuer à prendre des verres en terrasse pour patienter jusqu’à cette date, nous reprenons le chemin du port. Au passage, j’achète un leurre et des hameçons dans une petite boutique de matériel de pêche.

Brigitte et les filles sont allées au marché et ont complété notre stock de fruits et légumes. Nous déjeunons et nous préparons à partir sans nous presser. J’appelle une marina de La Valette sur laquelle Brigitte a trouvé de bons avis et annonce notre arrivée demain matin. Pour valider notre réservation, la dame qui me répond tient à connaître toutes nos dernières escales car Malte refuse encore (ou impose une quatorzaine) aux voyageurs arrivant d’un certain nombre de pays.

Nous partons à 15h30.

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Pendant cette navigation, on va avoir un peu toutes les conditions, mais le moteur est encore beaucoup sollicité, au moins en appui du vent souvent trop faible. La partie la plus sympa sera celle de mon quart, pendant la première moitié de la nuit : une douzaine de nœuds au bon plein.

Au coucher du soleil, nous voyons un rorqual étonnamment proche de côte, ainsi que des dauphins. Notre ligne de traîne est à l’eau, mais nous ne prenons rien.

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Fumée d'un gros incendie au sud est de la Sicile. En passant sous son vent, une forte odeur de feu de bois va nous rester dans les narines pendant des heures.

La mer, calme jusqu’au Capo Passero, à l’extrémité sud-est de la Sicile, se forme ensuite de plus en plus : une longue houle de nord-ouest d’environ 1,20 m, puis davantage, nous fait rouler pas mal. Sa période est en revanche assez longue (environ 7 secondes) et elle est très « arrondie » (ça ne déferle pas du tout). C’est donc inconfortable, mais le bateau n’est pas trop ralenti.

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Pendant mon quart, je limite mes périodes de somnolence à 10 minutes car on croise beaucoup de cargos dont la route de Gibraltar au canal de Suez passe par ici. Il faut rester bien vigilant.

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Essai (encore raté) de photo d'un beau lever de lune.

8 juillet

Je ne dors que de 3h45 à 6h15, heure à laquelle j’émerge pour constater que le ciel du matin est assez nuageux et la visibilité mauvaise. L’AIS nous apprend que le Monarch, paquebot de 268m, fait pendant un moment une belle route de collision avec nous. Il sort majestueusement de la brume matinale et passe finalement « juste » sur notre arrière.

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Le repos du guerrier.

 

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Notre pavillon de courtoisie italien est remplacé par le maltais (qui prend l'air pour la première fois).

Le ciel se dégage progressivement mais la mer reste aussi formée jusqu’au bout. Nous ne voyons la côte maltaise qu’une heure avant d’arriver. Notre objectif, La Valette, grande zone très urbanisée, se repère facilement.

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Nous nous amarrons sur Roland marina que j’ai contactée la veille. Colibri est le plus petit bateau du ponton. La différence d’ambiance avec la Sicile nous saute immédiatement aux yeux. C’est très chic, propre et… onéreux (comme tous les nombreux ports de La Valette). Même les pendilles sont impeccables !

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Vue sur une partie de la rade depuis le panneau avant, une fois amarrés.

 

Nous prenons le temps de grignoter un morceau et de nous reposer un peu, puis allons prendre un bus qui nous conduit au centre-ville en roulant à gauche, à l’anglaise. L’effet de contraste par rapport à l’ambiance de Syracuse est assez saisissant : grandes avenues rectilignes impeccables, présence de trottoirs dans les rues, nombreux passants en costume-cravate, façades très britanniques aux volets fraîchement repeints (les Anglais, maîtres des lieux jusqu’en 1921, ont fortement laissé leur empreinte), on n’entend pas de cris et on ne trouve aucun déchet par terre… En quelques heures de navigation, nous voilà dans une sorte de Suisse méditerranéenne très civilisée et policée qui n’a vraiment rien à voir avec nos dernières escales italiennes. Nous déambulons dans les rues et nous attardons sur la citadelle d’où l’on a une vue magnifique sur la grande rade de La Valette.

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On s’amuse à essayer de lire les indications en maltais. Cette langue ne ressemble à rien, comme si son créateur l’avait formée en ne piochant que des consonnes au Scrabble. L’application Google traduction ne fonctionne pas pour le maltais, comme si elle avait baissé les bras face à cette langue si étrange.

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Nous prenons un verre sous les yeux de la reine Victoria.

 

Nous reprenons ensuite le bus pour rentrer. Petite inquiétude pendant le trajet, complètement différent de celui de l’aller, alors que c’est bien le même numéro. Nous sommes rassurés quand nous parvenons finalement à descendre au bon endroit, juste en face de notre marina.

Alors que notre place était paisible et semblait bien protégée à notre arrivée ce matin, il y a maintenant un vilain clapot qui fait danser les bateaux. Les coups de rappel des amarres sont assez violents, j’ai mal pour les taquets de Colibri. Il est heureux qu’une distance de sécurité nous sépare de nos voisins ; sans elle, il y aurait de sérieux duels de chandeliers ou de barres de flèche…

Après le dîner, je commence à écrire ce message pour rattraper mon retard, mais un appel de mon frère Jean me stoppe dans mon élan en m’apprenant que Papa, déjà hospitalisé sur l’île d’Yeu depuis quelques jours, a fait un malaise cardiaque et doit être transféré à la Roche-sur-Yon. Depuis Malte, je me sens bien loin, impuissant et plus très motivé pour raconter mes bêtises.

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